lES CAHIERS DE LA SECURITÉ nO. 59  
  Drogues et antidrogue en Colombie. Production et trafic illicites, conflit armé, interventions étatiques  
 
Un dossier coordonné par Olga L. González et Laurent Laniel

 
  Résumés

 
LA POLITIQUE ANTIDROGUE EN COLOMBIE AU REGARD D'AUTRES PAYS ANDINS. Enjeux passés et présents
 
 
Francisco THOUMI


On dit souvent que les politiques antidrogue prohibitionnistes des pays andins ont été imposées par les États-Unis. La réalité est plus complexe. Sa compréhension passe par un retour sur l’histoire des usages de drogues dans les Andes et des contrôles auxquels ils ont pu être soumis de la part de multiples pouvoirs.
 
TRAFIC DE DROGUE ET CONFLIT ARMÉ EN COLOMBIE. Une relation symbiotique ?

 
 

Ricardo VARGAS MEZA

La Colombie est l’un des principaux théâtres d’application de la stratégie antidrogue des États-Unis, fondée sur l’idée que le problème des drogues peut être résolu par l’application de la force sur les zones de départ de la chaîne illicite. Simultanément, se poursuit dans le pays un processus d’accumulation de capital d’origine illégale, désormais intriqué à la guerre intérieure. La stratégie antidrogue, arguant d’un rapport coût-bénéfice favorable, est focalisée quasi exclusivement sur l’éradication des cultures illicites et n’affecte que marginalement les réseaux de trafiquants. Ceux-ci se sont renforcés en profitant de la privatisation de la lutte contre la guérilla, lutte à laquelle ils sont étroitement associés.

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LES SEIGNEURS DE LA GUERRE À LA CONQUÊTE DES VILLES DE COLOMBIE

 
  Gustavo DUNCAN

L’infiltration massive de réseaux véritablement mafieux dans les villes de Colombie est un phénomène très récent, qui n’a été possible que grâce au soutien logistique, militaire et financier des chefs des groupes d’autodéfense basés dans les zones rurales. L’irruption de ces entrepreneurs de la protection dans les zones urbaines n’illustre pas seulement la crise sécuritaire qui sévit en Colombie, mais doit être analysée dans le cadre des transformations structurelles de l’État.
 
L’IMPACT DES POLITIQUES PARAMILITAIRES SUR LA PRODUCTION DE COCAÏNE

 
  Oscar JANSSON

Cet essai analyse l’économie de la cocaïne dans le Putumayo, notamment les régulations imposées par les forces paramilitaires sur les producteurs primaires et les intermédiaires. L’article montre que l’établissement du pouvoir politique des paramilitaires dans diverses zones de la région a été suivi de leur implication directe dans la production de cocaïne et de l’instauration d’un impôt sur les intermédiaires du commerce de la pâte de coca. On montre également que la conquête paramilitaire a entraîné une forte baisse des coûts de production de l’organisation criminelle qui achète la pâte de coca dans le Putumayo. Une relation symbiotique unit donc les paramilitaires au cartel.
COCAÏNE, CONTENEURS, CONTACTS ET CONTRÔLES. Le port de Rotterdam selon des trafiquants de drogue colombiens
 
 


Damián ZAITCH

À partir d’une recherche ethnographique de longue durée sur des Colombiens impliqués dans le commerce de la cocaïne aux Pays-Bas [Zaitch, 2000], cet article examine les perceptions subjectives de trafiquants colombiens sur le port de Rotterdam. Nous identifions les facteurs qui, selon eux, font de Rotterdam (et des Pays-Bas) une zone à bas risque pour l’importation de cocaïne en Europe. Alors que certains facteurs économiques et les ressources humaines revêtent une importance cruciale dans les décisions clés prises par les trafiquants, les risques issus du travail policier tendent à être perçus comme secondaires ou à varier grandement en fonction des acteurs et des types d’intervention dans le commerce illicite.



 
LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT COLOMBIEN CONTRE LE
TRAFIC DE DROGUE

 
  Juan Carlos BUITRAGO ARIAS

Les drogues constituent une menace grave pour la Colombie. L’éradication des cultures illicites et l’élimination du trafic constituent un objectif clé du Programme de défense et de sécurité démocratique du gouvernement colombien. Les aspersions aériennes d’herbicide ont permis la réduction des superficies cultivées en coca et en pavot, et des programmes de développement alternatif ont été mis en place. Néanmoins, les institutions colombiennes sont confrontées à plusieurs défis, dont le premier est de neutraliser le lien criminel entre les drogues et le terrorisme.
 
LE PLAN COLOMBIE : BILAN NÉGATIF

 
  Adam ISACSON

Le Plan Colombie a pris fin en septembre 2005. Quels sont les résultats de ce projet quinquennal américano-colombien de paix et de lutte antidrogue ? à en croire les indicateurs mobilisés ici, les objectifs affichés n’ont pas été atteints, ni en termes de lutte antidrogue, ni en matière de droits de l’homme, et pas plus concernant la gouvernance démocratique.